Un sceau papal comme marque de fabrique
La présence du pape confère un prestige incomparable aux vins de Châteauneuf-du-Pape. Dès le XIV siècle, des inventaires mentionnent des dons de vin “du pape” aux cardinaux, ambassadeurs et grandes abbayes, contribuant à diffuser la réputation du cru (source : Pierre Rabasse, Inventaire des archives du Vatican).
Plusieurs facteurs favorisent cette notoriété :
- Le contrôle strict des vendanges, imposé par des statuts communaux, sur demande du château
- La mise en place de règles visant à empêcher la fraude et l’ajout de cépages indésirables, bien avant l’apparition des Appellations d’Origine Contrôlée (AOC)
- L’exonération de certaines taxes pour les producteurs rattachés au château, poussant à l’augmentation des surfaces plantées
Cela se concrétise également dans l’essor rapide des exportations. Les registres pontificaux, conservés à Rome, attestent que dès 1344, le “vin de Châteauneuf” est envoyé jusqu’à Boulogne, Paris, et même Bruges.
Le château, attracteur de population et de compétences
La gestion du château requiert une main-d'œuvre nombreuse et qualifiée. Les recensements anciens montrent qu’en 1338, la population de Châteauneuf passe de 450 à 670 habitants en moins de deux décennies (source : Jean Chagniot). Cette croissance démographique favorise l’installation de tonneliers, charretiers, muletiers, essentiels à la logistique du vin.
Parmi les anecdotes : les villici, intendants du vignoble, étaient choisis non parmi les locaux, mais souvent parmi des experts du Piémont ou de Toscane, réputés pour leurs connaissances viticoles avancées.