Le Mourvèdre : un candidat sérieux mais tardif
Le mourvèdre, parfois appelé “mataro”, est souvent cité parmi les plus anciens cépages du bassin méditerranéen. Cependant, son introduction à grande échelle semble postérieure à l’époque dite “des papes”. La confusion vient de son nom ancien “Monastrell”, qui laisse penser à une implantation par les communautés monastiques dès la fin du XIIIe siècle. En réalité, les premières preuves archéologiques en Provence sont postérieures à 1500 (INRA, colloque sur la génétique des cépages, 2006).
Le Grenache : un classique méditerranéen transpirant des archives
Le "grenachio" espagnol, ancêtre du grenache noir, est cité sous des formes diverses dans les livres de comptes du XIVe siècle. Son succès s’explique notamment par sa résistance à la chaleur, son rendement élevé et sa robustesse – des qualités qui convenaient au climat chaud de Châteauneuf-du-Pape. Selon l’ampélographe Pierre Galet, le grenache figure probablement, au moins dès la fin du XIVe, parmi les cépages majoritaires, même si l’absence de nom précis rend difficile la confirmation.
- Le grenache s’est diffusé dans le Midi à la faveur des échanges entre le royaume d’Aragon et la Provence, territoires alors en contact diplomatique constant avec la papauté avignonnaise.
Le Picardan, ancêtre du picpoul ?
Le nom de picardan apparaît dès la deuxième moitié du XIVe siècle dans les inventaires de la Chambre Apostolique. Il pourrait désigner un ancêtre du picpoul blanc, aujourd’hui reconnu sous le nom de picardin ou encore picpoul dans l’aire de Châteauneuf-du-Pape. Le picardan était apprécié pour ses qualités rafraîchissantes et son acidité – atouts pour la production de vins blancs secs à destination de la cour pontificale (source : R. Chevalier, Les Vins du pape, 2000).
La Clairette, l’héritage de l’Antiquité
Utilisée depuis l’époque romaine en Provence, la clairette (“clarate”) apparaît dans les archives pontificales sous le nom latin clarea. Sa présence dans les vignobles de Châteauneuf-du-Pape à la période pontificale est hautement probable. Ce cépage blanc, donnant des vins légers et aromatiques, était réputé pour ses qualités de garde et d’accompagnement gastronomique.
- La clairette est aujourd’hui encore un cépage autorisé dans l’appellation Châteauneuf-du-Pape et composait déjà, selon le mémoire de J. de Nuchatel (1362), une part significative des plantations.